33

En tant que professeur de littérature, je n’avais guère d’expérience sur l’attitude à adopter quand deux voyous vous embarquent de force devant une baraque à beignets et vous jettent à l’arrière d’un gros tout-terrain.

Mais je savais que, en général, personne ne s’intéressait particulièrement à ce que j’avais à dire.

– Écoutez, lançai-je depuis le plancher, vous avez dû vous tromper, les gars.

Je fis une tentative pour me tourner un peu sur le côté, afin d’entrevoir le chauve qui m’écrasait sous sa botte.

– Ferme ta gueule, me rétorqua-t-il.

– Je disais juste que je suis un type tout à fait inintéressant. Je ne vous veux aucun mal. Vous me prenez pour qui ? Pour un membre de gang ? Un flic ? Je ne suis qu’un enseignant.

Depuis le siège avant, Blondie remarqua :

– Je pouvais pas blairer mes putains de profs. Rien que ça, ça justifie qu’on te colle une balle entre les deux yeux.

– Je suis désolé. Je sais que beaucoup d’enseignants sont nazes, mais ce que j’essaie de vous expliquer, c’est que je n’ai rien à voir avec…

Crâne d’œuf poussa un gros soupir, ouvrit sa veste et extirpa un pistolet, qui n’était sans doute pas le plus gros modèle du marché, mais, vu par-dessous, il me parut aussi imposant qu’un bazooka. Il le pointa sur ma tête.

– Si je dois te descendre dans cette voiture, mon patron va se foutre en rogne à cause du sang et des os et de la cervelle éparpillés sur les beaux sièges de cuir, mais quand je lui expliquerai que tu voulais pas fermer ta gueule comme on te le demandait, je crois qu’il comprendra.

Je la fermai.

Pas la peine d’être Sherlock Holmes pour deviner que tout cela avait un rapport avec mes questions sur Vince Fleming. Peut-être que l’un des deux types du Mike’s avait passé un coup de fil. Ou que le barman avait téléphoné à l’atelier de carrosserie avant même que je n’y arrive. Ensuite quelqu’un avait envoyé ces deux gorilles pour me demander pourquoi je tenais tant à rencontrer Vince Fleming.

Sauf que personne ne me posait la question.

Peut-être s’en moquaient-ils, après tout. Peut-être que le fait de chercher des renseignements sur quelqu’un suffisait. On veut rencontrer Vince Fleming, et on finit à l’arrière d’un tout-terrain et plus personne ne vous revoit jamais.

Je me mis à réfléchir à un moyen de m’en sortir. Je me trouvais seul contre trois gros balèzes. À en juger par l’excès de gras autour de leur taille, il ne s’agissait pas forcément des brutes les plus sportives de Milford, mais a-t-on besoin d’être musclé quand on est armé ? L’un d’eux avait un pistolet, et on pouvait raisonnablement supposer que les deux autres également. Avais-je une chance de délester Crâne d’œuf de son arme, de lui tirer dessus, d’ouvrir la portière et de sauter d’une voiture en marche ?

Pas une sur un million.

Crâne d’œuf tenait toujours le pistolet, la main posée sur son genou. Son autre jambe restait appuyée sur moi, et sa botte laissait des traînées de boue sur mon jean. Blondie et le chauffeur discutaient, pas de moi, mais d’un match de baseball qui avait eu lieu la veille. Soudain Blondie s’exclama :

– Merde, c’est quoi, ça ?

– Un CD, répondit le chauffeur.

– Je vois bien que c’est un CD. C’est le titre du CD qui m’inquiète. Tu mets pas ça dans le lecteur.

– Ben si, je le mets.

Et j’entendis le son caractéristique de l’introduction d’un CD dans le lecteur d’un tableau de bord d’automobile.

– Je le crois pas, riposta Blondie.

– Quoi ? demanda Crâne d’œuf depuis la banquette arrière.

Avant que quiconque puisse répondre, la musique commença. Une intro instrumentale, puis : « Why do birds suddenly appear… every time… you are near ? », les premières paroles de « Close To You ».

– Putain, glapit Crâne d’œuf, les Carpenters !

– Hé, stop, répliqua le chauffeur. J’ai grandi avec ça.

– Bon Dieu, enchaîna Blondie, la nana qui chante, c’est pas celle qui bouffait rien ?

– Ouais, acquiesça le chauffeur. Elle faisait de l’anorexie.

– Ces gens-là, remarqua Crâne d’œuf, ils feraient mieux de se faire des super-hamburgers, par exemple.

Trois types débattant des mérites d’un groupe de rock des années soixante-dix pouvaient-ils réellement envisager de m’emmener quelque part pour me tuer ? L’ambiance dans la voiture n’aurait-elle pas été un peu plus sinistre ? L’espace d’un instant, je me sentis réconforté. Puis me revint en mémoire la scène de Pulp Fiction, lorsque Samuel L. Jackson et John Travolta discutent de la façon dont on appelle le Big Mac à Paris, juste avant de faire irruption dans un appartement et de commettre un triple meurtre. Ceux-là n’avaient même pas leur style. À vrai dire, ils dégageaient plutôt une indiscutable odeur corporelle.

Alors, c’était ainsi que ça se terminerait ? À l’arrière d’un tout-terrain ? On boit un café dans une baraque à beignets, à la recherche de sa femme et sa fille disparues, et une minute plus tard, on scrute le canon d’un flingue brandi par un inconnu en se demandant si les dernières paroles qu’on entendra seront : « They long to be… close to you. »

La voiture prit deux virages, franchit une voie ferrée, puis il me sembla que le véhicule descendait très légèrement, comme si nous nous dirigions vers la côte. Vers le détroit.

Puis il ralentit, vira brusquement à droite, rebondit sur le bord d’un trottoir, et s’arrêta. En levant les yeux vers les vitres, je vis essentiellement du ciel, mais aussi le côté d’une maison. Et je perçus des cris de mouette lorsque le chauffeur coupa le moteur.

– Bon, me dit Crâne d’œuf, tu vas être sage. On va sortir, monter un escalier et entrer dans une maison, mais si tu essaies de t’enfuir, ou de crier à l’aide, ou n’importe quelle autre connerie de débile, je te cogne. C’est clair ?

– Oui.

Blondie et le chauffeur étaient déjà descendus de la voiture. Crâne d’œuf ouvrit sa portière, sortit à son tour et, après m’être hissé sur la banquette, je me dépêchai d’en faire autant.

Nous étions garés entre deux maisons de plage. Je devinais que nous étions sur East Broadway. Les maisons y sont très serrées, et, en jetant un coup d’œil au bout de l’allée, je pus apercevoir une plage, et derrière, le détroit de Long Island. En voyant ensuite Charles Island au large, je fus tout à fait certain de l’endroit où je me trouvais.

Crâne d’œuf m’indiqua un escalier extérieur qui montait vers le premier étage d’une maison jaune pâle. Le rez-de-chaussée servait surtout de garage. Blondie et le chauffeur grimpèrent les premiers, puis ce fut mon tour, et enfin celui de Crâne d’œuf. Les marches recouvertes de sable crissaient doucement sous nos chaussures.

En haut de l’escalier, le chauffeur ouvrit une porte à moustiquaire, et tout le monde le précéda à l’intérieur. Nous pénétrâmes dans une vaste pièce avec une baie vitrée coulissante sur la mer et flanquée d’un balcon surplombant la plage. Juste en entrant, il y avait quelques fauteuils et un canapé, une étagère croulant sous des livres de poche, et si on se retournait vers le fond de la pièce, on voyait une table de salle à manger ainsi qu’une cuisine le long du mur.

Un homme massif nous tournait le dos, debout devant la cuisinière, qui maintenait une poêle à frire d’une main et une spatule dans l’autre.

– Le voilà, annonça Blondie.

L’homme hocha la tête en silence.

– On sera en bas, dans la voiture, ajouta Crâne d’œuf, qui fit signe à Blondie et au chauffeur de le suivre dehors.

J’entendis s’estomper le bruit de leurs bottes sur les marches.

Je restais planté au milieu de la pièce. En temps normal, je me serais tourné pour admirer la vue par la baie vitrée, sans doute même serais-je sorti sur la véranda respirer une bouffée d’air marin. Mais là, je me contentais d’observer le dos de l’homme.

– Vous voulez des œufs ? me demanda-t-il.

– Non merci.

– C’est pas un problème. Au plat, brouillés, retournés, n’importe.

– Non, mais merci quand même.

– Je me lève assez tard, alors parfois, il est près de midi quand je fais le petit déjeuner.

Il sortit une assiette d’un placard, y versa des œufs brouillés, ajouta des saucisses qu’il avait dû faire griller auparavant et qui s’égouttaient sur un morceau d’essuie-tout, puis ouvrit un tiroir à couverts pour prendre une fourchette et ce qui se révéla être un couteau à steak.

Puis il se retourna, s’approcha de la table, tira une chaise.

Il devait avoir à peu près mon âge, même si je crois pouvoir dire, en toute objectivité, qu’il ne semblait pas très frais. Il avait le visage grêlé, une longue cicatrice au-dessus de l’œil droit, et ses cheveux autrefois bruns étaient désormais franchement poivre et sel. Il portait un T-shirt noir, un jean également noir, et j’apercevais l’extrémité d’un tatouage sur son bras droit, mais ça ne suffisait pas pour savoir ce que ça représentait. Son ventre tendait le coton de son polo, et il soupira sous l’effort en se laissant lourdement tomber sur sa chaise.

Il me désigna celle d’en face. Je m’avançai d’un pas prudent puis m’assis à mon tour. Il déboucha un flacon de ketchup, attendit qu’une énorme giclée atterrisse sur ses œufs et ses saucisses. Un mug de café se trouvait devant lui, et en s’en emparant, il me proposa :

– Du café ?

– Non. Je viens d’en boire un à la baraque à beignets.

– Celle près de ma boîte ?

– Oui.

– Il est pas très bon là-bas.

– Non, pas vraiment. J’en ai jeté la moitié.

– Je vous connais ? demanda-t-il en enfournant des œufs.

– Non.

– Mais vous me courez après. D’abord au Mike’s, ensuite à mon entreprise.

– Oui. Mais je n’avais nullement l’intention de vous alarmer.

– Nullement l’intention, me singea-t-il.

L’homme, que je savais dès lors être Vince Fleming, planta sa fourchette dans une saucisse, la maintint en place puis en coupa un bout avec son couteau à steak.

– Eh bien, reprit-il, la bouche pleine, quand des gens que je connais pas commencent à poser des questions sur moi, ça peut être un sujet d’inquiétude.

– C’est une chose que j’ai sans doute mal mesurée.

– Vu le genre d’affaires dont je m’occupe, il m’arrive de tomber sur des gens aux pratiques pas très orthodoxes.

– Je comprends, assurai-je.

– Dans ces cas-là, j’aime bien arranger les choses d’une manière qui me donne l’impression d’avoir l’avantage.

– Je n’en doute pas.

– Alors vous êtes qui, bordel ?

– Terry Archer. Vous connaissez ma femme.

– Je connais votre femme, répéta-t-il, comme pour signifier « Et alors ? ».

– Enfin, plus maintenant. Autrefois.

Fleming me lança un regard mauvais en piquant un morceau de saucisse avec sa fourchette.

– Bon, c’est quoi le problème ? J’ai batifolé avec votre bourgeoise, ou quoi ? Écoutez, c’est pas ma faute si vous êtes pas capable de satisfaire votre femme et qu’elle a besoin de moi pour obtenir ce qu’elle veut.

– Ce n’est pas ça du tout, répliquai-je. Ma femme s’appelle Cynthia. Vous l’avez connue quand elle était Cynthia Bigge.

Il cessa de mâcher.

– Oh, merde. Mec, ça fait vachement longtemps.

– Vingt-cinq ans.

– Vous avez mis un sacré temps à venir vous plaindre, dit Vince Fleming.

– Il y a eu quelques rebondissements, récemment. J’imagine que vous vous souvenez de ce qui s’est passé ce soir-là.

– Ouais. Toute sa famille a disparu.

– Exact. On vient juste de retrouver les corps de la mère de Cynthia et de son frère.

– Todd ?

– Oui.

– Je connaissais Todd.

– Ah bon ?

Vince Fleming haussa les épaules.

– Un peu. En fait, on allait au même bahut. C’était un gars sympa, ajouta-t-il en engloutissant une nouvelle bouchée d’œuf recouvert de ketchup.

– Vous ne voulez pas savoir où on les a découverts ?

– Je suppose que vous allez me le dire, rétorqua-t-il.

– Leurs corps étaient dans la voiture de la mère de Cynthia, une Ford Escort jaune, au fond d’un puits de carrière du Massachusetts.

– Sans blague ?

– Sans blague.

– Après avoir passé vingt-cinq ans là-dedans, remarqua Vince, on a quand même pu les identifier ?

– Grace à l’ADN.

Il hocha la tête d’un air admiratif.

– Putain d’ADN. Comment on faisait sans ce truc ?

Il termina une saucisse.

– La tante de Cynthia a aussi été assassinée, ajoutai-je.

Fleming fronça les sourcils.

– Il me semble que Cynthia m’en avait parlé. Bess ?

– Tess.

– C’est ça. Elle s’est fait buter ?

– Poignarder dans sa cuisine.

– Hum, grommela Vince. Et vous me racontez tout ça pour une raison particulière ?

– Cynthia a disparu. Elle… Elle est partie. Avec notre fille. Nous avons une fille de huit ans. Grace.

– Quel dommage.

– Je me suis dit qu’il y avait une chance que Cynthia soit venue vous voir. Elle essaie d’apprendre ce qui s’est passé cette nuit-là, et vous pouvez peut-être lui apporter des réponses.

– Qu’est-ce que je suis censé savoir ?

– Aucune idée. Mais vous êtes sans doute la dernière personne à avoir vu Cynthia ce fameux soir, en dehors de sa famille. Et vous avez eu une embrouille avec son père avant qu’il la ramène à la maison.

Je ne vis rien venir.

Vince Fleming lança un bras en avant à travers la table, m’agrippa le poignet droit, le tira brutalement vers lui, tandis que son autre main saisissait le couteau à steak avec lequel il avait coupé ses saucisses. Il le projeta sur la table en lui faisant décrire un grand arc de cercle, et la lame se planta dans le bois entre mon majeur et mon annulaire.

– Nom de Dieu ! m’écriai-je.

La main de Vince serrait mon poignet comme un étau, le clouant à la table.

– Je n’aime pas ce que vous sous-entendez, dit-il.

Je haletais trop pour pouvoir répondre, incapable de détacher les yeux du couteau, cherchant à tout prix à m’assurer qu’en fait, il n’avait pas transpercé ma main.

– J’ai une question à vous poser, déclara Vince d’une voix très calme, sans lâcher mon poignet ni retirer le couteau fiché dans le bois. Il y a un autre type qui a aussi demandé après moi. Ça vous dit quelque chose ?

– Quel genre de type ?

– La cinquantaine, pas très grand, peut-être un privé. Il a posé ses questions avec plus de doigté que vous.

– Ça pourrait être un dénommé Abagnall, répondis-je. Denton Abagnall.

– Et comment vous le sauriez ?

– Cynthia l’a engagé. On l’a engagé tous les deux.

– Pour enquêter sur moi ?

– Non, enfin, pas précisément. On l’a engagé pour essayer de retrouver la famille de Cynthia. Ou au moins, essayer d’apprendre ce qui leur est arrivé.

– Et ça signifiait se renseigner sur moi ?

Je déglutis avant de répondre.

– Selon lui, il était nécessaire d’enquêter sur vous.

– Vraiment ? Et qu’est-ce qu’il a découvert sur mon compte ?

– Rien. Du moins, s’il a trouvé quelque chose, on ne sait pas ce que c’est. Et on ne le saura vraisemblablement jamais.

– Pourquoi ça ? demanda Vince Fleming.

Soit il l’ignorait, soit il cachait drôlement bien son jeu.

– Parce qu’il est mort. Assassiné, lui aussi. Dans un parking de Stamford. On pense qu’il y a un rapport avec le meurtre de Tess.

– Mes gars ont dit aussi qu’une femme flic est venue fouiner à mon sujet. Une Noire, petite et grosse.

– Wedmore. Elle enquête sur tout ça.

– Bon, conclut Vince, qui lâcha mon poignet et arracha le couteau de la table. Tout ça est palpitant, mais j’en ai rien à foutre.

– Alors vous n’avez pas vu ma femme ? Elle n’est pas venue ici, ni à votre atelier, pour vous parler ?

D’une voix parfaitement égale, il affirma que non, puis me fixa droit dans les yeux, comme pour me mettre au défi de le contredire.

Je soutins son regard.

– J’espère que vous dites la vérité, monsieur Fleming. Parce que je ferai tout ce qu’il faut pour m’assurer qu’elle et ma fille rentreront saines et sauves à la maison.

Il se leva, contourna la table pour se planter de mon côté.

– Je dois le prendre comme une sorte de menace ?

– Je dis simplement que, s’agissant de la famille, même les gens comme moi, des gens qui sont loin d’avoir l’influence de gens comme vous, sont prêts à aller jusqu’au bout.

Il m’agrippa par les cheveux et abaissa son visage vers le mien. Son haleine sentait la saucisse et le ketchup.

– Écoute-moi, ducon, tu sais seulement à qui tu parles ? Ces types qui t’ont amené ici, tu as une idée de ce qu’ils sont capables de faire ? Tu pourrais finir dans un broyeur à bois. Tu pourrais être balancé d’un bateau au milieu du détroit. Tu pourrais…

Dehors, en bas de l’escalier, j’entendis un des trois hommes qui m’avaient amené crier :

– Hé, on monte pas !

Et une voix féminine crier en retour :

– Va te faire voir.

Puis des pas gravir les marches.

Comme je dévisageais Vince, je ne voyais pas la porte à moustiquaire, mais je l’entendis s’ouvrir à la volée, puis une voix qu’il me sembla reconnaître lança :

– Dis donc, Vince, t’aurais pas vu maman, parce que…

En apercevant une chevelure d’homme dans le poing de Vince Fleming, la fille s’interrompit.

– Je suis un peu occupé, là, lui dit-il. Et je sais pas où est ta mère. T’as qu’à aller voir au centre commercial.

– Mais putain, Vince, qu’est-ce que tu fais à mon prof ? demanda la fille.

Malgré les doigts épais de Vince accrochés à mon crâne, je réussis à tourner suffisamment la tête pour apercevoir Jane Scavullo.

Cette Nuit-Là
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